1
2 3 4 5
Traitement de la tuberculose
 

La tuberculose est une maladie à déclaration obligatoire qui doit être faite auprès de la D.D.A.S.S. pour toute tuberculose-maladie mise sous traitement curatif, même en l'absence de preuve bactériologique. La primo-infection ne doit pas être déclarée. Une sérologie V.I.H. doit être systématiquement proposée au malade tuberculeux.

La tuberculose donne droit à une prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale (affection de longue durée) qui doit être demandée à la Caisse primaire d'assurance maladie par le médecin traitant.

L'enquête autour d'un cas (à la recherche de sujets contaminés par le malade ou du malade ignoré qui à contaminé le patient) doit être faite par le médecin traitant dans le milieu familial, un cliché pulmonaire et un test tuberculinique (intra-dermo) est proposé à tous les sujets proches du malade, si une enquête plus large est nécessaire, milieu professionnel, école, elle peut être assurée à la demande du médecin traitant par les services de lutte antituberculeuse du département. Cette demande d'enquête est vivement encouragée.

 
 
  Bases du traitement  
 

Le traitement de toutes les formes de tuberculose repose sur la prise régulière d'antibiotiques.

Le repos, l'arrêt des activités professionnelles sont décidés en fonction de l'état clinique et/ou de la situation professionnelle.

En cas de tuberculose bacillifère, (les BK sont retrouvés à l'examen direct des expectorations du malade) l'isolement, avec ou sans hospitalisation, est recommandé pendant la phase de contagiosité, laquelle peut être évaluée à 10-15 jours. En cas de doute sur l'existence d'une résistance des bacilles, l'isolement doit être prolongé.

 
  L'antibiogramme  
 

Les bacilles sont mis en culture, il poussent lentement, en 4 à 6 semaines quelquefois plus pour les souches d'origine bovine.

La culture permet d'obtenir des colonies suffisement importantes pour que l'ont puisse tester sur elles l'efficacité des antibiotiques. C'est l'antibiogramme, examen important qui permet de détecter les souches résistantes à certains antibiotiques et d'adapter le traitement (le résultat nous parvient plusieurs semaines après la mise en route du traitement) .

De nouvelles techniques, (cultures en milieu liquide ) permettent de gagner du temps dans les cas difficiles.

Le traitement  
 

Le traitement de la tuberculose est maintenant bien codifié, il dure 6 mois et comporte l'administration quotidienne, en une seule prise orale à jeun, de 4 antibiotiques pendant les 2 premiers mois.

  • Rimifon* Isoniazide (4 à 5 mg/kg)
  • Rifadine* rifampicine (10 mg/kg)
  • Pirilene* pyrazinamide (20 à 30 mg/kg)
  • Dexambutol* ethambutol (15 à 20 mg/kg)
et pendant les 4 mois suivants de 2 antibiotiques
  • Rimifon* Isoniazide (4 à 5 mg/kg)
  • Rifadine* rifampicine (10 mg/kg)


Les formes combinées permettent une administration simplifiée.

Rifater associant dans le même comprimé rifampicine, isoniazide et pyrazinamide (1 comprimé/12 kg de poids par jour) pendant 2 mois

Rifinah associant dans le même comprimé rifampicine et isoniazide (1 comprimé/30 kg par jour) pendant 4 mois, a l'avantage d'une prise simplifiée et, a priori, d'une meilleure observance.

L'attention du malade doit être attirée sur la nécessité absolue d'une bonne observance thérapeutique, afin d'éviter le risque de rechute et de sélection de bacilles résistants.

La surveillance du traitement

La surveillance clinique et biologique est nécessaire pendant toute la durée du traitement.
Avant traitement, on contrôlera :

  • La fonction rénale (créatinine) car la majorité des antibiotiques sont éliminés par le rein. Si elle est normale, elle n'a pas lieu d'être contrôlée à nouveau.

  • La fonction hépatique (transaminases) car l'isoniazide, la rifampicine et le pyrazinamide sont métabolisés par le foie et peuvent entraîner un certain degré de cytolyse. Une surveillance accrue des transaminases au cours de la première semaine de traitement est recommandée en présence d'autres facteurs de risque hépatique. (Alcoolisme+++) Une élévation des transaminases doit conduire à vérifier la posologie des médicaments, et notamment celle du pyrazinamide. Un taux des transaminases supérieur à 6 fois la normale impose l'arrêt immédiat du pyrazinamide et de l'isoniazide. L'isoniazide peut être repris à une posologie moindre, avec une surveillance hépatique rapprochée.

  • L'uricémie Au cours du traitement par le Pirilene*, on observe dans environ la moitié des cas une augmentation de l'uricémie. Celle-ci, qui est la conséquence normale du traitement, peut entraîner des douleurs articulaires, plus rarement de véritables crises de goutte. Les douleurs articulaires cèdent habituellement à un simple traitement antalgique (aspirine), et ne nécessitent pas l'arrêt du pyrazinamide. Les crises de goutte qui doivent être traitées par un uricosurique peuvent entraîner l'arrêt du pyrazinamide si l'adaptation de la posologie n'est pas suffisante pour éviter leur réapparition. L'hyperuricémie initiale peut être un des indicateurs de l'observance du traitement.

    L'absence de pyrazinamide dans l'association antibiotique impose alors de prolonger la durée totale du traitement à 9 mois.

  • La fonction visuell (champ visuel et vision des couleurs) car l'éthambutol peut avoir une certaine toxicité sur le nerf optique. Une anomalie du champ visuel ou de la vision des couleurs signes de névrite optique rétro-bulbaire feront éviter la prescription de Dexambutol*.

Au cas où les résultats des examens effectués avant mise au traitement sont anormaux, la dose des antibiotiques doit être rigoureusement adaptée à ces résultats de manière à éviter les risques de toxicité.
 
  Traitement de l'infection tuberculeuse latente ou primo-infection  
 

Le traitement préventif permet d’éviter dans 70 à 90 % des cas le passage du stade de l’infection tuberculeuse latente à celui de la maladie.

La mise en route d'un traitement préventif n'est pas systématique chez les sujets infectés dont l'intradermo-réaction est positive. Il est prescrit chez ceux qui ont un risque plus élevé de développer la maladie: contamination récente par un proche trés bacillifére, sujets ayant été contaminés récemment, déficit immunitaire de toutes origine.

La prise d’un seul médicament se justifie car le petit nombre de microbes en cause dans les infections latentes, fait courir peu de risque de developpement d'une résistance. Le plus souvent, le Rimifon est prescrit quotidiennement pendant 6 mois. Dans certains cas particuliers, 2 médicaments sont indiqués.

 
  Tuberculose chez l'enfant  
 

Chez le petit enfant, il faut souligner la relative fréquence des méningites et de la miliaire pulmonaire qui peut, en quelques jours, provoquer une détresse respiratoire aiguë.

Chez l'enfant de plus d'un an, l'atteinte ganglionnaire médiastinale est souvent prédominante, source de compression bronchique. La tuberculose ganglionnaire superficielle, particulièrement cervicale, s'observe surtout à partir de l'âge de 10 ans. Chez l'adolescent, les formes généralisées, miliaires et septicémiques sont relativement fréquentes.

L'examen direct est difficile, du fait de l'absence fréquente d'expectoration. Il faut donc avoir souvent recours aux tubages gastriques, voire aux lavages broncho-alvéolaires dans certains cas.

Le traitement repose sur le même principe que chez l'adulte (durée totale de 6 mois) dans la tuberculose pulmonaire. La pyrazinamide est utilisée à 20-40 mg/kg ; la dose d'isoniazide est de 10 à 18 mg/kg. La présentation de la rifampicine sous forme de sirop permet une bonne adaptation des posologies (10 à 20 mg/kg). L'éthambutol est peu utilisé chez le jeune enfant du fait de difficultés à contrôler la vision des couleurs.

  Tuberculose et infection à VIH  
 

Les sujets infectés par le V.I.H. ont un risque accru de tuberculose.

Les règles générales thérapeutiques sont les mêmes que pour un malade non infecté par le V.I.H.

Une durée totale de traitement de 6 à 9 mois est recommandée. Cette durée doit être prolongée 12 voire 18 mois en cas d'interruption du traitement, de mauvaise observance, ou d'impossibilité d'utiliser certains antituberculeux majeurs. Les sujets infectés par le V.I.H. ont un risque accru d'allergie aux antituberculeux : fièvre médicamenteuse, éruption cutanée, cytolyse hépatique.

 
  Tuberculose chez la femme enceinte  
 

Les antibiotiques antituberculeux sont a priori à éviter au cours de la grossesse. Mais en cas de tuberculose-maladie, le traitement curatif de la tuberculose est évidemment impératif chez la femme enceinte.

La Rifadine* doit a priori être évitée au cours des dernières semaines de grossesse mais lorsque l'utilisation est indispensable, elle a pu entraîner des hémorragies maternelles et néonatales qui peuvent être prévenues par l'administration systématique de vitamine K1 à la mère et à l'enfant.
Le Rimifon* au cours de la grossesse doit s'accompagner d'une prescription systématique de vitamine B6.
Le Pirilene* est contre-indiqué au cours de la grossesse.
Le Dexambutol* ne présente pas de contre-indication particulière au cours de la grossesse.

 
  Les tuberculoses à bacilles résistants et les rechutes  
 

Après un premier traitement écourté, irrégulier, ou mal prescrit, certains malades rechutent et leurs bacilles peuvent être devenus résistants à plusieurs antituberculeux de première ligne.

Le risque de multirésistance est très accru après plusieurs traitements. Ce risque doit aussi être évoqué chez des sujets originaires de pays à forte prévalence de résistance, d'autant plus que le sujet est séropositif pour le V.I.H.

Le traitement antibiotique doit être strictement adapté à la sensibilité des bacilles. Dans la majorité des cas, le traitement est prolongé. L'hospitalisation exige un isolement particulièrement strict. Des antituberculeux de "deuxième ligne" peuvent être utilisés : amikacine, ofloxacine, spartloxacine, clofazimine, éthionamide, PAS, cyclosérine, capréomycine. Ces traitements, qui concernent des cas particuliers, sont difficiles et doivent impérativement être conduits sous la responsabilité d'un spécialiste averti.

Dr G.Bonnaud - Polyclinique de Courlancy - Reims - ©2007
mise à jour 06/2011