En 1976, à Philadelphie, 182 participants à un congrès de l'American Légion, sont atteints par une pneumonie provoquée par une bactérie inconnue au moment de l'épidémie, pneumonie foudroyante responsable de 29 décès .La contamination des personnes s'est faite par le système de climatisation de l'hôtel où ils résidaient.

En 1977 la bactérie responsable est identifiée, compte tenu des circonstances épidémiologique de sa découverte elle est nommée Legionella Pneumophilla.

Les légionelles sont des bactéries vivant dans les eaux douces de surface : cours d'eau, lacs, étangs…Aujourd'hui, on dénombre 43 espèces de légionelles et plus de 20 sont pathogènes pour l'homme.
A partir de ces lieux naturels, les légionelles colonisent, à la faveur de conditions favorables, certains milieux hydriques artificiels tels que les réseaux d'eau chaude sanitaire, les réseaux de refroidissement utilisés en climatisation.

Le développement de ces bactéries est favorisé dans certaines conditions

La température est un paramètre essentiel dans la lutte et la gestion du risque sanitaire représenté par les légionelles.

En effet, si un niveau de température compris entre 20°C et 45°C avec un optimum de 35 °C favorise le développement des légionelles, une température de 55°C les détruit en 20 minutes et une température de 60 °C en deux minutes.

La stagnation de l'eau peut être facilitée dans les réseau d'eau chaude sanitaire par la présence de bras morts, de faibles débits ou d'arrêt prolongé des installations.

La corrosion des réseaux ainsi que la présence d'un niveau d'entartrage élevé fournissent un milieu nutritif aux légionelles, favorable à leur développement.

La quantité de légionelles nécessaires pour provoquer une infection est inconnue, mais la dose infectieuse pourrait être faible pour des personnes sensibles, car on connaît des cas d’infection après exposition de quelques minutes seulement à la source de certaines flambées et d’autres situés jusqu’à 3,2 km de la source.

Les systèmes modernes de climatisation sont équipés de tours de refroidissement qui refroidissent l'eau et permettent d'évacuer la chaleur dans l'atmosphère par évaporation.

L'eau chaude est déversée dans le haut de la tour de refroidissement par des gicleurs ). Elle est ainsi pulvérisée en minuscules gouttelettes qui sont projetées dans l'air, ce qui permet un contact optimal entre l'eau et l'air déplacé dans la tour par les ventilateurs. Pour empêcher les gouttelettes de s'agglomérer, des rampes de pulvérisation sont placées sous les gicleurs.

Pendant que les gouttelettes sont entraînées vers le bas de la tour, une partie de l'eau s'évapore. Comme l'évaporation mobilise de la chaleur, l'eau qui reste est refroidie. Le courant d'air créé par les ventilateurs refroidit également l'eau. Des gouttelettes sont évacuées vers l'extérieur avec l'air expulsé par les ventilateurs. L'eau refroidie s'accumule au bas de la tour d'où elle est pompée et le cycle recommence.

L'air ou l'eau qui circule dans les tours de refroidissement et les condenseurs évaporatifs peut contenir Legionella et d'autres micro organismes.

Legionella se multiplie aisément dans l'eau, surtout lorsqu'il y a des algues et du tartre. La bactérie peut être dispersée avec les gouttelettes d'eau en suspension dans l'air (aérosols) ou avec les matières évaporées, mais elle peut aussi pénétrer dans le système de climatisation s'il y a un échange entre ses conduits et ceux de la tour de refroidissement ou du condenseur évaporatif.

Legionella a été retrouvé dans des réservoirs à eau chaude, dans l'eau chaude de douches et de robinets et dans des bains tourbillons. On ignore si Legionella est introduit dans l'eau des immeubles par les systèmes d'alimentation municipaux ou par les tours de refroidissement contaminées situées à proximité. Les aérosols produits lorsqu'on utilise de l'eau chaude permettent à la bactérie, si elle est présente dans l'eau, de pénétrer dans les poumons.

La maladie du légionnaire débute habituellement par des maux de tête, des douleurs musculaires et un malaise général.

Ces symptômes sont suivis d'une forte fièvre (jusqu'à 40 - 40,5°) et de grands frissons.
Des nausées, des vomissements et de la diarrhée sont également possibles.

Toux sèche, douleurs thoraciques. et gêne respiratoire apparaissent au deuxième, troisième jour. La plupart des patients développent une pneumonie. qui peut être atteindre les 2 poumons.

Troubles mentaux: confusion, désorientation, hallucinations et perte de mémoire, peuvent être disproportionnés par rapport à la gravité de la fièvre.

Environ 5 à 15 % des cas connus de maladie du légionnaire ont été mortels.

On peut soupçonner une maladie du légionnaire devant des signes et des symptômes cliniques qui semblent typiques de la pneumonie à Legionella. Citons entre autres la diarrhée et les symptômes neurologiques, en particulier la confusion et la perte de mémoire.

Pour distinguer la maladie du légionnaire de la pneumonie due à d'autres causes, il faut des analyses spéciales qui, normalement, ne sont pas pratiquées dans les cas de fièvre avec pneumonie.

L'examen le plus rapide est la recharge d'antigénes urinaires spécifiques dans les urines. (résultat en 1 heure)

La recherche de Legionella par culture sur les sécrétions bronchiques sur milieu spécifique BCYEa est l'examen de référence . Cette méthode permet l'identification des legionella dans 10 à 30% des cas dans un délai de 3 jours. Les souches isolées sont envoyer à un centre de référence national.

La Legionelle est une bactérie très sensibles à certains antibiotiques pas du tout à d'autres.

Sont actifs les antibiotiques de la famille des macrolides comme la Josacine, l'erythrocine,le zythromax, des quinolones comme le Tavanic* ou l'Oflocet*

Sont inactifs les antibiotiques de la famille des pénicillines comme le Clamoxyl*ou l'Augmentin*

Ces antibiotiques (pénicilline et macrolides) sont ceux qui sont prescrits habituellement dans le traitement de toutes les pneumopathies. Le traitement de la legionelle ne pose donc pas de difficulté. La legionellose reste une maladie grave avec une mortalité importante parce qu'elle se présente comme une infection respiratoire banale qui n'améne pas les patients à consulter rapidement et médecin à prescrire automatiquement un antibiotique de la famille active sur la bactérie. (les antibiotiques ce n'est pas automatique...).

La bactérie même si elle est normalement sensible aux antibiotiques peut être très virulente et donc se multiplier rapidement dans l'organisme entrainant des lésions irréversible des organes.

Il faut donc y penser dans tous les cas de pneumopathie d'évolution inhabituelle (troubles digestif, troubles de conscience) surtout si elle survient chez un patient fragile ( patient âgé, diabétique, alcoolo tabagique, vivant en milieu communautaire comme les maisons de retraite etc...)

Non, aucun cas de transmission inter-humaine de la maladie n'est connue à ce jour . Un malade ne peut donc pas contaminer son entourage, aucune précaution particulière d'isolement n'est nécessaire.

La Legionellose est une maladie à déclaration obligatoire

D'autant que c'est une maladie très médiatisée qui fait très régulièrement la une des journaux ...

Tout nouveau cas est immédiatement signalé à la DASS (direction des affaires sanitaire et sociale) qui qui organise une enquête dans l'environement du patient pour essayer de découvrir l'origine de la contamination (contrôle du réseau d'eau au domicile, enquête environnementale...

Le risque de legionellose est très surveillé dans les milieu à risque : établissements de santé établissement de cure thermale, hôtellerie etc... des textes réglementaires très précis oblige à de fréquents contrôle des réseaux d'eau et en cas de découverte d'un nombre anormalement élevé de légionelle à prendre des mesure de prévention efficace (choc thermique, choc chloré voire fermeture de l'etablissement ).

Voir en annexe le texte complet de la Circulaire DGS/VS 4 n° 98-771 du 31 décembre 1998 relative à la mise en oeuvre de bonnes pratiques d'entretien des réseaux d'eau dans les établissements de santé et aux moyens de prévention du risque lié aux légionelles dans les installations à risque et dans celles des bâtiments recevant du public...