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La Grippe H1N1
   
  La nouvelle grippe...    

La grippe est une maladie infectieuse très ancienne.
Les symptômes de la grippe humaine ont été clairement décrits par Hippocrate il y a près de 2 400 ans.
Depuis, le virus a été responsable de nombreuses pandémies.
La plus meurtrière est celle de la « grippe espagnole » (virus influenza A, sous-type H1N1) qui sévit entre 1918 et 1919. Les estimations varient de 20 à 100 millions de morts dans le monde, ce qui en ferait une des plus graves catastrophes sanitaires de tous les temps, au même titre que la peste noire de 1347-1350.
Cette pandémie a tué principalement de jeunes adultes, 99 % des décès étant survenus avant soixante-cinq ans et plus de la moitié entre vingt et quarante ans.
Les pandémies suivantes furent moins terribles.
La « grippe asiatique » de 1957 (virus de type A, souche H2N2) et la « grippe de Hong-Kong » de 1968 (virus de type A, souche H3N2) on fait malgré tout des millions de morts dans le monde. Le développement des antibiotiques, en permettant le traitement des surinfections bactériennes, pourrait avoir joué un rôle non négligeable dans la diminution de la mortalité.
La grippe était faussement attribuée à une bactérie, le virus de la grippe (famille des Orthomyxoviridae), est identifié chez le porc en 1931 et chez l’homme en 1933.
Il y a trois types de virus grippaux : les Influenza virus A, B et C.

Le type A mute avec une grande facilité, permettant de distinguer des sous-types (H1N1, H2N2, H3N2)

Le virus actuel est de type A (le plus fréquent de tous) et de sous-type H1N1. Les lettres H et N désignent deux protéines de surface du virus (hémagglutinine et neuraminidase) et le chiffre associé, son degré d'affinité avec le métabolisme humain (1 pour la plus haute affinité, 15 pour la moins bonne).

Dans les médias, on a fréquemment associé ce nouveau virus à celui de la grippe espagnole – car ils appartiennent tous les deux au sous-type H1N1. Mais c'est aussi le cas de la grande majorité des virus de la grippe saisonnière (deux souches co-circulent ces dernières années : H1N1 et H3N2).

Quelle est l’origine du virus actuel ?

Les premières analyses génétiques ont révélé la présence de séquences ARN d'origine porcine dans ce virus. D'où son appellation initiale de « grippe porcine ».

Depuis, on sait que ce virus est le résultat de recombinaisons entre des virus porcin, humain et aviaire (une grippe porcine nord-américaine, une grippe aviaire nord-américaine, une grippe humaine du type A du sous-type H3N2, et un virus de grippe porcine typiquement trouvé en Europe et Asie) soit « un mélange exceptionnel et jamais rencontré ni aux États-Unis, ni ailleurs, de séquences génétiques »

D’où vient-elle ?

L’un des plus grands élevages industriels de porcs, situé à La Gloria au Mexique, est suspecté d’être à l’origine de la pandémie.

Autre hypothèse de l’administration Américaine : le virus aurait « plus probablement émergé de porcs en Asie et  voyagé jusqu'en Amérique du Nord chez un humain »

Pourquoi parle-t-on de nouvelle grippe ?

Des épidémies de grippe se produisent chaque année et les virus grippaux évoluent constamment (d'où un vaccin dont la composition est adaptée tous les ans), mais beaucoup de gens possèdent une certaine immunité.
Au fil du temps, les virus ne seraient ni tout à fait les mêmes ni tout à fait autres. Mais le virus A (H1N1) à l'origine de la pandémie actuelle, apparaît lui "tout à fait un autre". La plupart des gens n'ont aucune immunité.
Le nouveau virus va-t-il supplanter les virus saisonniers ?
Dans plusieurs pays touchés par le nouveau A (H1N1) on a vu "une co-circulation" avec le virus saisonnier. Les expériences du passé montrent toutefois que lorsqu'un virus pandémique s'installe, "a priori il prend la place des virus préexistants". Actuellement le H1N1 est à l’origine de plus de 75% des cas de grippe
Le nouveau virus grippal A (H1N1) tel qu'on le connaît aujourd'hui présente des similitudes avec la classique grippe saisonnière.

Les symptômes sont les mêmes :

  • Période d’incubation de 24 à 72 heures,
  • Fièvre brutale et élevée, dépassant 38 °C
  • Toux plutôt sèche
  • Maux de gorge
  • Vomissements
  • Diarrhées
  • Douleurs musculaires

Ils disparaissent généralement en une semaine à dix jours, mais la fatigue et la toux peuvent parfois persister deux à trois semaines.

La transmission se fait de la même façon

La grippe est hautement contagieuse. Elle se transmet d'un sujet infecté à un sujet sain via les gouttelettes d'eau expulsées sous forme d'aérosols pendant la respiration, l'éternuement, la toux, le contact direct dont  les mains, le contacts avec des objets souillés...

Pour être infecté, il faut en respirer une dose suffisante, et offrir un terrain favorable. Le virus de la grippe se fixe aux récepteurs des cellules, les envahit et les force à produire de nouveaux virus, la production est énorme, jusqu’a 10 millions de particules virales par millilitre d’expectoration par exemple.

On estime que dans un foyer chaque personne malade contamine en moyenne un quart environ des autres membres de la famille (comme la grippe saisonnière).

Le sujet infecté est contagieux 1 jour avant l’apparition des symptômes et le reste pendant 7 à 8 jours.

La nouvelle grippe est-elle plus grave ?  

Le H1N1 actuel n’est pas aussi virulent que celui qui a provoqué la pandémie de grippe espagnole de 1918 et en l’état actuel rien ne laisse craindre une augmentation de la virulence mais elle peut varier dans le temps (vagues successives de grippes)

Chaque année, les épidémies de grippe provoquent des hospitalisations et des décès, principalement chez les personnes âgées, celles souffrant de maladies chroniques (bronchite chronique, asthme, troubles cardiaques, diabète...) ou les jeunes enfants.

Il y a trois façons de mourir de la grippe.

La première, en voie de disparition dans les pays développés, est la surinfection bactérienne.

La deuxième est une pneumopathie virale qui entraîne un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA) et la mort dans 50 % à 60 % des cas, "mortalité directe", c'est le virus qui tue.

La troisième cause, de loin la plus fréquente, est l'aggravation de maladies   préexistantes. Cette mortalité, qui touche surtout les personnes âgées et à risque, est devenue presque incompressible depuis environ vingt ans.

La grippe est responsable tous les ans de trois à cinq millions de cas de maladies graves dans le monde, et de 250.000 à 500.000 décès. Chaque année en France, après le passage de la grippe saisonnière, la mortalité est augmentée de 2500 à 6000 personnes selon les estimations... 90% sont des personnes agées et à risque . ( La grippe n’étant qu’un des facteurs de mortalité  on peut lui imputer un plus ou moins grand nombre de décés ) .

On estime la mortalité par “pneumonie” donc directement due au virus à 1/1 000 000 , voire moins.

A ce stade, le nouveau virus ne semble pas globalement plus meurtrier que celui de la grippe saisonnière, avec un taux de létalité (taux de mortalité parmi les personnes malades) de l'ordre de 1/1000 dans les pays riches.

Mais la  mortalité que l'on "voit" aujourd'hui est essentiellement la mortalité directe,

Cette mortalité directe est estimée à 1 cas pour 10 000 infections, soit 100 fois plus que la grippe saisonnière (1 cas pour 1 million).

La nouveauté, c'est que ce nouveau virus cause plus souvent des formes sévères chez le sujet jeune en bonne santé que ne le font les virus saisonniers. Les décès semblant survenir de manière quasi aléatoire dans la population touchée par le virus, 1/3 des décès surviennent chez des patients de moins de 60 ans sans facteur de risque associé.

On prévoit qu'une proportion très importante de la population sera touchée. Pour la France, le chiffre de 20 millions de personnes a été avancé. Si le taux de mortalité est identique à celui de la grippe saisonnière, le nombre de sujets infectés étant beaucoup plus important le nombre de morts le sera aussi.

 
Les jeunes sont-ils plus menacés ?  

La grippe est d'abord une maladie du sujet jeune et de l'enfant. 50 %, des cas de grippe A touchent des individus de moins de 20 ans.

Pour les jeunes enfants les données disponibles sont peu précises en matière de tranche d’âge. L’exposition au risque doit être extrapolée à partir des données connues concernant la grippe saisonnière. Par rapport à la population générale les nourrissons de moins de 6 mois ont un risque de surmortalité et ceux de 0 à 2 ans un excès de risque d’hospitalisation.

Les données américaines publiées en septembre ne confirment pas de risque de surmortalité pour les nourrissons de moins de 6 mois sans maladie associée.

Les enfants d’âge scolaire représentent les catégories de population les premières et les plus touchées ainsi que la source de dissémination de la grippe dans la communauté.

 
Les personnes âgées sont-elles vraiment épargnées ?  

35% des sujets nés avant 1950 sont porteurs d’anticorps contre le virus A (H1N1) sans doute parce que , jusque dans les années 1950, le virus saisonnier était lui aussi de type H1N1.

Les plus de 60 ans semblent donc bénéficier d’une immunité résiduelle" du fait de ce possible contact antérieur avec des éléments du virus qui fait qu'elles sont relativement épargnées par la nouvelle grippe.

Les données disponibles à ce jour confirment que la grippe atteint principalement (mais pas uniquement) les sujets âgés de 5 à 50 ans, et que l’incidence de la maladie est la plus basse parmi les personnes âgées de 65 ans et plus.

 
Quelles sont les populations à risque de complications pouvant justifier d’un traitement anti-viral ?  
  • Grossesse
  • Maladies cardio-vasculaires et pulmonaires chroniques (BPCO, Asthme...)
  • Maladies rénales ou hépatiques
  • Maladies neurologiques ou neuromusculaires
  • Diabète
  • Immunodépression (transplantés, cancer, chimiothérapie, Sida...)
  • Obésité morbide (IMC>40)
  • Alcoolisme avec hépatopathie chronique
  • Sujets de plus de 65 ans
  • Personnes séjournant dans un service de moyen ou long séjour quelque soit leur âge
 
La grossesse est-elle un facteur de risque ?  

La grossesse constitue un terrain prédisposant aux complications en particulier au troisième trimestre.

En présence de symptômes respiratoires, une fièvre doit entrainer une consultation hospitalière dédiée avec prise en charge obstétricale.

L’hospitalisation en secteur dédié est conseillée en présence de signe de gravité maternelle ou foetale, et de la suspicion d’une surinfection bactérienne.

 
Les professionnels de santé sont-ils plus exposés au risque ?  

Naturellement ! plus de 10% (22/190) du personnel hospitalier ayant approché à moins de 2 mètres les 3 premiers cas d’insuffisance respiratoire aigue liée à une infection par le virus A (H1N1) à Mexico ont déclaré une grippe. (Tous traités par Tamiflu et isolement de 3 à 5 jours à domicile et guéris).

 
Les traitements anti-viraux  

Tamiflu* (oseltamivir) Gelule 75 mg et solution buvable 12 mg/ml

Relenza* (zanamivir) poudre pour inhalation (inadapté chez l’enfant < 5 ans – pas d’adaptation de dose)
Les établissements agréés disposent d’un « stock d’état » d’anti-viraux renouvelable, le médicament est délivré gratuitement aux patients ou sujets contacts dont la situation correspond aux recommandations de la DRASS

Le traitement est d’autant plus efficace qu’il est précoce, il doit être pris dans les 48 heures après le début des symptômes.

Dans quels cas doit on prescrire un traitement anti-viral curatif :
Aux adultes et enfants de plus de 1 an présentant un syndrome grippal jugé sévère
Aux sujets à risque
Aux  femmes enceintes après prélèvement.
A tous les nourrissons de moins de 6 mois après  prélèvement.
Aux nourrissons de moins de 1 an présentant une fièvre supérieure à 39° et signes de gravité
Le traitement anti-viral est interrompu si la recherche de virus est négative.

 
Quand et comment et doit-on rechercher le virus ?  

L’examen doit être limité aux :

  • Patients à risque présentant des signes de gravité.
  • Patients traités présentant une aggravation clinique sous traitement.
  • A 3 patients au sein d’un foyer de cas groupés.
  • Aux nourrissons et femmes enceintes.
  • Aux soignants en contact avec des sujets a risque.


Le virus est recherché sur un écouvillonnage nasal confié à un laboratoire agrée, à Reims c’est au CHU que tous les prélèvements sont envoyés.
L’examen doit être prescrit par une « consultation dédiée » disposant de « kit de prélèvement » il  ne peut être effectué  directement par le médecin traitant, il est gratuit..

 
Dans quel cas prescrit-on un traitement anti-viral préventif (chimioprophyllaxie)  

Les anti-viraux sont destinés en priorité aux traitements curatifs et leur utilisation préventive doit être réservée

  • Aux sujets qui sont ou ont été au contact étroit de malades probables ou confirmés et qui présentent des facteurs de risque (maladies pulmonaires chroniques, immunodépression...)
  • Aux sujets exposés qui sont aux contacts de personnes à risque (entourage familial de femme enceinte, de nourrisson....)
Aux femmes enceintes non malades en cas de suspicion de grippe dans leur entourage, quel que soit le trimestre de grossesse
 
Faut-il se faire vacciner contre les infections à pneumocoque par le Pneumo 23 ?  

La grippe est un facteur important de risque de pneumonie bactérienne en particulier à pneumocoque.
Il faut renforcer la vaccination des patients à risques (ceux qui sont cités plus haut : malades respiratoires, diabétiques, etc...) En l’état actuel il n’est pas recommandé d’élargir la vaccination au-delà de cette population cible.

 
La vaccination anti-grippale  

Au vu de la probable diffusion large et rapide du virus et des délais de mise à disposition des doses de vaccins l’objectif principal de la vaccination est la réduction du risque de formes graves et de décès plus que la maîtrise de la dynamique de l’épidémie.
Dans l’état actuel des connaissances sur la grippe à  virus A (H1N1) le Haut Conseil de la Santé Publique recommande :
Pour le vaccin grippal saisonnier :
Rien ne permettant d’affirmer qu’il n’y aura pas de circulation de virus grippal saisonnier de vacciner le plus tôt possible, en particulier pour les personnels de santé pour éviter au maximum que l’organisation de cette vaccination n’interfère avec la vaccination contre le virus A (H1N1).
Pour le vaccin grippal A (H1N1)
Le schéma vaccinal comporte l’injection de 2 doses du même vaccin espacées de 21 jours. Ce schéma pourra être revu si les études en cours démontrent l’efficacité d’une seule dose.
Il est recommandé de vacciner en priorité les personnels de santé, médico-sociaux et de secours en commençant par ceux qui sont amenés à être en contact fréquent et étroit avec des malades grippés ou porteurs de facteurs de risque. L’objectif étant de protéger le système de prise en charge des malades et d’éviter la transmission du virus par le personnel à des patients vulnérables.

Et ensuite par ordre de priorité :
Les femmes enceintes à partir du début du 2° trimestre.
Entourage des nourrissons de moins de 6 mois.
Nourrissons de 6 à 24 mois avec facteurs de risque.
Sujets de 2 à 65 ans avec facteurs de risque.
Sujets de 2 à 18 ans sans facteurs de risque.
Sujets de plus de 19 ans sans facteurs de risque.
L’utilisation de vaccins sans adjuvant doit être préférée pour les enfants de 6 à 24 mois, les femmes enceintes, les sujets porteurs de maladie de système ou immunodéprimés par maladie auto-immune ou transplantation.
Les enfants de moins de 6 mois ne peuvent être vaccinés
En l’état actuel il est recommandé un intervalle d’au moins 21 jours entre les vaccinations grippe saisonnière et A (H1N1) si cet intervalle ne peut être respecté, la vaccination contre le virus pandémique A (H1N1) devient prioritaire.
Les autres vaccins du calendrier vaccinal des enfants peuvent être injectés à condition qu’ils ne soient pas administrés le même jour.
Le Haut Comité précise qu’il pourrait être amené à réviser sa stratégie vaccinale en fonction des données épidémiologiques, cliniques et de pharmacovigilance.
La diffusion mondiale de la pandémie est suivie quotidiennement par l’OMS
La maladie reste globalement bénigne  mais les premiers décès de sujets jeunes sans facteur de risque sont survenus à la mi-septembre.
Les vaccins sont en cours d’autorisation de mise sur le marché, les tests se poursuivent, il se peut qu’une seule injection soit confirmée efficace,

Le risque d’effets secondaires sera mieux connu dans les semaines à venir, parce que le nombre de sujets traité sera plus important, aux Etats Unis la vaccination commence.
 
Les vaccins anti A (H1N1) :  

FOCETRIA (Novartis)
cultivé sur œuf - Adjuvant MF59C1
PANDEMRIX (GSK)
cultivé sur œuf – adjuvant AS03
CELVAPAN (Baxter)
cultivé sur cellules – sans adjuvant
HUMENZA (Sanofi Pasteur)
Cultivé sur œuf – adjuvant ASF03
PANENZA (Sanofi Pasteur)
cultivé sur œuf – sans adjuvant

Il faut enfin et surtout insister sur les mesures de prévention détaillées dans l’article de C.Goury Masque de protection chirurgicale à porter par les patients dès les premiers symptômes Ils sont délivrés gratuitement en pharmacie sur prescription médicale, masque de protection respiratoire type FFP2 contre les risques d’inhalation, recommandés pour les professionnels de santé au contact des malades, règles d’hygiène ….

 

Cet article a été écrit au début de la "pandémie" qui, heureusement n'a pas été aussi grave qu'annoncée, l'incurie du plan gouvernemental de vaccination qui a écarté les médecins généralistes aurait pu conduire à la catastrophe.
Cela ne retire rien de la gravité potentielle de la maladie, qui va sans doute revenir l'hivers prochain.

 
Nous sommes en 2012, la souche H1N1 est dans le nouveau vaccin anti-grippal standard  
Dr G.Bonnaud - Polyclinique de Courlancy - Reims - ©2010
mise à jour 02/2012